Le 6 février 1952 le roi George VI meurt et le destin de sa fille, future reine Elizabeth II bascule à jamais. Retour sur une journée historique.
Drame à Buckingham Palace. Le 6 février 1952, un domestique retrouve le roi George VI, alors âgé de 56 ans, mort dans son lit d’une thrombose coronaire dans son lit. Si la maladie du roi, également atteint d’un cancer, n’était plus un secret pour personne, sa disparition subite provoque la surprise générale. Sa fille Elizabeth sait qu’elle doit lui succéder et a reçu, depuis sa plus tendre enfance, une éducation sur mesure pour une future reine. Pour autant, rien ne l’avait préparé à devoir assumer ce rôle pesant à l’âge de 25 ans seulement.
Alors que la panique envahit les couloirs du palais royal et que les courtisans s’affairent l’air grave, la princesse Elizabeth est encore en voyage avec son mari Philip Mountbatten au Kenya. Quelques jours plus tôt, le 31 janvier 1952, elle embrassait son père pour la dernière fois. Malgré la mise en garde de son médecin, le monarque avait tenu à accompagner le jeune couple à l’aéroport de Londres lors de son départ en tournée officielle. Peut-être savait-il déjà que ses jours étaient comptés…
Mais ce jour là au Kenya, Elizabeth et Philip ne savent pas encore que leur vie a changé de manière irréversible. Ils ont passé la nuit du 5 au 6 février dans une charmante cabane perchée en haut d’un arbre, vieux de 300 ans dans la nature envoyante de la campagne. On dit parfois qu’Elizabeth était encore une princesse lorsqu’elle a grimpé les marches de bois pour accéder à sa chambre et qu’au petit matin, elle est descendue en tant que la reine d’Angleterre.
Le premier jour du reste de sa vie
La veille, Philip et Elizabeth avaient dîné en tête-à-tête, sous le ciel étoilé qui s’étire à l’infini au-dessus du parc national d’Aberdare. Un rare moment de tranquillité dans le planning chargé de la tournée officielle que le jeune couple, marié depuis cinq ans à l’époque, ne comptait pas laisser filer. La princesse avait passé l’après-midi à observer et filmer à l’aide d’une petite caméra les différents animaux exotiques qui s’approchaient de l’hôtel. Sans le savoir, ils savourent ensemble leurs derniers instants de liberté, loin des contraintes du protocole et des simagrées de la vie de cour. Elle a alors vingt-cinq ans et elle est déjà mère de deux enfants, le prince Charles et la princesse Anne.
La légende raconte qu’Elizabeth a appris la mort de son père au réveil mais dans les faits, en raison de la distance et du décalage horaire, son secrétaire, Martin Charteris parvient à joindre le prince Philip au téléphone, seulement aux alentours de midi. C’est donc le mari de la reine qui lui annonce la terrible nouvelle.
La situation est grave. En dépit de la proximité avec son défunt père, Elizabeth ne s’effondre pas en apprenant son trépas. Imperturbable, elle décide sans hésitation d’écourter son voyage au Kenya pour rentrer au plus vite au Royaume-Uni. Philip acquiesce et les ordres sont donnés. En quelques heures, les valises sont bouclées, les adieux faits et l’avion est prêt pour le retour au pays.
Bien des années plus tard, le journaliste John Jochimsen, sur place lors de la tournée officielle au Kenya, décrira le départ précipité de la reine dans son autobiographie. Un moment solennel pour tous les personnes présentes. « Un membre du personnel nous a informé que Sa Majesté avait demandé qu’aucune photo ne soit prise. Nous sommes donc restés silencieux devant l’hôtel tandis que les voitures de la reine s’éloignaient dans un nuage de poussière. Aucun de nous n’a capturé cet instant historique. J’ai ressenti la profonde tristesse de cette si jeune fille qui était entrain de devenir la reine du Royaume-Uni. Alors que nous étions là, en silence, nos appareils photos à terre, elle nous a adressé un signe de la main depuis sa voiture ».
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Un destin exceptionnel
Au Royaume-Uni, un deuil national est entamé. Le parlement, la bourse et tous les procès en cours sont suspendus. La BBC ne diffuse plus aucun programme hormis les infos. Théâtres, bals et autres lieux de rencontre ou de divertissement sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Le pays pleure son roi.
Heureusement la princesse Elizabeth est déjà populaire. Elle a beaucoup de charisme et après la crise qu’avait provoqué l’abdication de son oncle Edward VIII, les Anglais voient en elle la représentante d’un renouveau pour la monarchie britannique. De plus, elle a participé activement à l’effort de guerre et son courage n’est point passé inaperçu. Ainsi, la tristesse générale à la disparition de George VI est imprégnée d’un fort sentiment d’espoir. La preuve ? Lorsque la princesse atterrit au Royaume-Uni après son séjour écourté au Kenya, une foule s’est déjà rassemblée à l’aéroport de Londres afin d’accueillir la nouvelle reine.
L’année suivante, lors de son couronnement officiel au mois de juin 1953, des millions de personnes se déplacent pour assister à la cérémonie. Soixante-dix ans plus tard, la reine Elizabeth n’a rien perdu de sa popularité ni de son goût pour l’apparat. La monarchie anglaise vacille actuellement sous les scandales à répétition que la nouvelle génération de Windsor lui inflige sans merci, mais la reine, elle, ne bronche pas. Dans le deuil et l’épreuve: elle demeure un exemple de stoïcisme.
Crédits photos : Bestimage
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