• Facebook s’était lancé dans l’arène des devises virtuelles en créant Libra en 2019, qui devait offrir un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels.
  • L’idée que Facebook fasse une cryptomonnaie avait affolé tout le monde. Diem va donc vendre ses droits de propriété intellectuelle et d’autres actifs à la société pour 182 millions de dollars à la banque Silvergate Capital Corporation, spécialisée dans les devises numériques.
  • Est-ce une remise en question du projet de métavers annoncé récemment ?

Libra, Diem, puis plus rien. Meta (Facebook), qui avait lancé un projet de monnaie numérique en grande pompe en 2019,
vient de l’abandonner. Le réseau social de Mark Zuckerberg avait en tête de lancer une devise virtuelle, intitulé Libra, puis Diem, pour offrir un nouveau mode de paiement plus rapide qu’un message instantané en dehors des circuits bancaires traditionnels. C’était sans compter la levée de boucliers des banques centrales, des régulateurs et des décideurs politiques qui s’inquiétaient des risques pour la stabilité du système financier, de la lutte contre le blanchiment d’argent et de la protection des données personnelles.

Meta a renommé son projet Diem fin 2020 après la défection de plusieurs partenaires comme PayPal, Visa et Mastercard. Une brique technologique qui paraissait pourtant indissociable de son futur métavers sur lequel le réseau social met le paquet… Trois questions pour tirer cette annonce au clair.

L’abandon de Diem remet-il en cause le projet de métavers ?

« Pour autant que je sache, Diem est mort », a résumé auprès de l’AFP l’analyste Rob Enderle. Pour lui, la réputation de Facebook a atteint un point « où ils vont avoir beaucoup de mal à entreprendre quelque chose de majeur ». Pourtant Mark Zuckerberg a dévoilé à la fin de l’année 2021 son projet de métavers, dont les premières briques technologiques ont été lancées aux Etats-Unis et au Canada sous le nom d’Horizon Worlds. « Cette bataille sur la monnaie virtuelle est perdue mais ils espèrent revenir en force avec le métavers », analyse Sajida Zouarhi, ingénieure et experte Blockchain comptant parmi les 40 femmes les plus influentes en France en 2019 selon Forbes.

Le réseau social tente de se refaire une réputation auprès des utilisateurs, en changeant de nom, et de séduire les jeunes générations grâce à son métavers. « Meta a plus de légitimité dans le domaine du métavers que dans le domaine de la cryptomonnaie. La réalité virtuelle est un cheval de bataille important dans la conquête du métavers et il possède Oculus, spécialisé dans les casques VR », poursuit la spécialiste. Les technologies de réalité virtuelle sont déterminantes pour créer une expérience immersive dans l’univers virtuel. Avec l’explosion des usages numériques pendant la crise sanitaire, le métavers pourrait devenir une nouvelle forme d’interactions. Un réseau social 3.0.

La monnaie virtuelle n’est-elle pas un fondamental du métavers ?

Le métavers ne va pas sans les cryptomonnaies et les NFT (jetons non fongibles). Les devises numériques pour acheter des objets virtuels vendus sous la forme de jetons numériques. Alors comment faire sans Diem ? En réalité, Facebook n’a pas besoin de proposer une monnaie virtuelle maison pour créer son monde virtuel global. « Dans un projet de métavers, on a accès à de nombreux moyens de paiements : des monnaies virtuelles, des cryptomonnaies et même des moyens de paiements classiques », insiste Sajida Zouarhi. L’expérience utilisateur va changer mais le monde virtuel peut intégrer n’importe quel service financier. Finalement, Facebook revient à son coeur de métier : le réseau social.

Est-ce une bonne nouvelle pour nos données personnelles ?

Si la monnaie virtuelle Diem avait vu le jour, elle aurait constitué un outil de plus pour récolter les données personnelles des utilisateurs. Facebook (Meta) aurait eu accès aux comportements financiers de ses utilisateurs, en plus de tout le reste. Mais avec un métavers, c’est encore pire. « Facebook va créer un univers virtuel où il va collecter une quantité inimaginable de données personnelles qu’il pourra exploiter impunément, s’alarme Sajida Zouarhi. On n’a même pas le temps de se réjouir de l’échec de Diem qu’un métavers apparaît. C’est comme l’hydre : face à une organisation puissante comme Facebook, lorsqu’on lui coupe une tête, il en repousse deux autres ». Dans le métavers, l’utilisateur peut acheter une maison, un terrain, il a accès à des services. Sans compter la gestion de son identité virtuelle avec les avatars, une sorte d’extension de nous-mêmes. Meta va capter encore plus d’informations sur ses utilisateurs et s’enrichir d’avantage.

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