• La 47e cérémonie des César se déroulera le 25 février 2022 à L’Olympia, à Paris, et sera retransmise en direct sur Canal+.
  • Les 126 nominations, pour 24 catégories, ont été dévoilées ce mercredi.
  • Titane, malgré sa Palme d’or, n’est pas nommé en meilleur film. Bac Nord, malgré la récupération par l’extrême droite, compte sept nominations. Onoda, vu par un public confidentiel, se pose en outsider.

Il n’y a pas eu de conférence de presse pour les César 2022. La 
liste des nominations a été envoyée par mail aux médias ce mercredi matin sans préambule. 20 Minutes a pris le temps de décortiquer les 24 catégories, de déplorer l’absence de citation pour Kaamelot : Premier volet d’Alexandre Astier et Petite Maman de Céline Sciamma, et d’établir quelques constats. Voici, dans les grandes lignes, ce que nous enseignent ces 126 nominations à un mois de la cérémonie qui sera retransmise le 25 février sur Canal+, en direct de L’Olympia.

Cinéma grand public et films d’auteur…

Tous les ans, les nominations des César sont l’occasion de relancer la guéguerre entre le cinéma populaire et les films d’auteur. Un débat à côté de la plaque et d’autant plus que les deux derniers lauréats du meilleur film, Les Misérables et Adieu les cons, ont dépassé les deux millions d’entrées en salle. Certes, Kaamelot : Premier volet, plus grand succès français de 2021 en nombre d’entrées (2,6 millions de tickets vendus) n’a reçu aucune nomination, alors qu’il aurait pu au moins prétendre à une mention du côté des costumes ou des décors. Certes, les autres cartons de la comédie que sont Les Tuche 4 et Les Bodin’s en Thaïlande (2,4 et 1,6 million d’entrées respectivement) n’ont pas connu un meilleur sort – mais avaient-ils vraiment cette prétention ?

Cependant, des œuvres auxquelles le public a réservé un bel accueil apparaissent en bonne place. A commencer par Aline, le vrai-faux biopic de Céline Dion réalisé par Valérie Lemercier qui cumule dix nominations (dont meilleur film, meilleure réalisation, meilleure actrice et meilleur scénario original). Bac Nord, fort de ses 2,2 millions d’entrées, est cité à sept reprises, notamment en meilleur film, meilleure réalisation et meilleur acteur (pour Gilles Lellouche). La preuve que la polémique et
la récupération du film par l’extrême droite ne lui ont pas porté préjudice. On notera tout de même qu’il n’est pas en lice pour un trophée : du scénario. Une manière de laisser entendre que ce n’est pas la plus grande qualité du film ?

Le thriller Boîte noire, succès surprise de la rentrée qui a captivé plus de 1,2 million de fans de suspense, a droit à cinq nominations, dont meilleur scénario original et meilleur acteur pour Pierre Niney. On a envie d’ajouter à cette liste Illusions Perdues​. L’adaptation du roman d’Honoré de Balzac par Xavier Giannoli compte pas moins de quinze nominations. Il a enregistré 850.000 entrées, un joli score mais qui n’est pas à la hauteur du potentiel de ce film grisant et accessible au plus large public possible.

« Titane » a du plomb dans l’aile

Malgré sa Palme d’or obtenue au dernier Festival de Cannes, Titane ne figure pas dans la liste des nommés au César du meilleur film. Les votants et votantes lui ont préféré Aline, Annette, Bac Nord, L’Evénement, La Fracture, Illusions perdues et Onoda, 10.000 nuits dans la jungle. Depuis la création de la cérémonie en 1976, c’est la première fois qu’un long-métrage tricolore sacré sur la Croisette est snobé au grand raout du cinéma français. Sous le soleil de Satan, Entre les murs, La Vie d’Adèle et Dheepan avaient, en leur temps, eu droit à leur citation dans la course au César du meilleur film et seul Le Pianiste avait fait le doublé Palme + César… En revanche, Julia Ducournau peut prétendre au César de la meilleure réalisation. L’Académie salue donc le travail de la cinéaste et sa prise de risque, – ainsi que la performance d’Agathe Rousselle nommée parmi les espoirs féminins – mais, en n’accordant que deux autres nominations au film (en meilleure photo et meilleurs effets visuels), confirme que Titane est une œuvre clivante.

« L’Evénement » prêt à faire l’événement ?

L’adaptation du roman autobiographique d’Annie Ernaux par Audrey Diwan est l’autre coup d’éclat du cinéma français en festival en 2021. Le film, évoquant un avortement illégal dans la France des années 1960, est reparti de la Mostra de Venise avec le Lion d’or. L’événement ne compte « que » quatre nominations aux Césars, mais pourrait bien repartir avec les quatre trophées le soir de la cérémonie : meilleure réalisation, meilleur film, meilleure adaptation et meilleur espoir féminin pour Anamaria Vartolomei.

Le cas « Onoda »

Onoda, 10.000 nuits dans la jungle a fait sensation au Festival de Cannes. Ce film d’Arthur Harari de près de trois heures, tourné au Cambodge et en langue japonaise, suit un soldat japonais qui, ignorant que la Seconde Guerre mondiale a pris fin, a continué de se battre pendant trente ans… Sorti au cinéma en plein milieu de la crise sanitaire, Onoda a rassemblé à peine plus de 45.500 personnes en salle. C’est pourquoi le jury du prix Louis-Delluc, qui l’a récompensé début janvier, a plaidé pour que le film bénéficie d’une nouvelle sortie au cinéma. L’Académie des César ne dira pas le contraire : votantes et votants ont plébiscité ce long-métrage qui cumule quatre nominations : meilleur film, meilleure réalisation, meilleure photo et meilleur scénario original. Onoda abordera donc la cérémonie avec un statut d’outsider qui pourrait lui sourire. Un destin à la Fatima n’est pas impossible. En 2016, le long-métrage de Philippe Faucon avait lui aussi reçu le prix Louis-Delluc avant d’être sacré meilleur film face à de solides concurrents (Dheepan, Mon Roi, Marguerite…).

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