Au côté de Romane Bohringer, Line Renaud livre une performance bouleversante dans cette comédie sociale où elle incarne une retraitée sans abri. Rencontre avec la comédienne.

Vous interprétez Huguette, une retraitée de l’enseignement, qui se retrouve à la rue. Comment avez-vous préparé ce rôle ?

Line Renaud : Je devais me rapprocher le plus possible de mon personnage. J’ai abandonné le fard, la poudre, le maquillage, la coiffure, le souci du bon profil… Il s’agit d’un vrai rôle de composition. Les premiers jours, j’étais tellement devenue Huguette que je ne me suis pas reconnue. J’avais même du mal à me voir dans la glace.

Que vous inspire son histoire, au regard de notre époque ?

Cette fiction n’est pas éloignée de la réalité. Pendant le tournage, je suis tombée sur un article du quotidien La Voix du Nord racontant l’histoire d’une femme de 85 ans qui, n’ayant nulle part où aller, passait ses nuits dans sa voiture. Elle se heurtait aux difficultés pour trouver un logement social et ne pouvait se payer une chambre d’hôtel.

La solidarité intergénérationnelle ne semble, aujourd’hui, plus de mise. Mais en était-il autrement autrefois ?

On se serrait les coudes… voire on se serrait tout court ! À la maison, nous étions quatre générations. Il y avait mon arrière-grand-mère, qui avait travaillé à l’usine dès l’âge de 7 ans, mais aussi ma grand-mère, qui tenait un café, et ma mère, sténodactylo à Armentières. En rentrant du travail, elle allait coiffer des femmes, et ma grand-mère faisait aussi des petits boulots, tandis que mon arrière-grand-mère s’occupait de la lessive. De mon enfance, finalement, je ne garde comme souvenir que le travail. 

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Huguette n’accepte pas la charité de sa voisine, Marion (Romane Bohringer), qui lui propose de l’héberger quelque temps…

Elle préfère lui proposer un échange de services. Ancienne enseignante, elle donnera des cours à Rémi, son fils, en difficulté scolaire.

L’adolescent n’apprécie pas cette intrusion dans sa vie. Pourquoi ?

C’est l’autre thème de cette fiction. Passionné d’informatique, il souhaite s’orienter vers un lycée professionnel, alors que sa mère rêve de le voir suivre de longues études.

Comme lui, vous n’avez pas fait d’études longues. Pourquoi ?

En effet, je n’ai que mon certificat. J’ai échoué au brevet élémentaire. Dans la foulée, j’ai passé une audition pour le concours d’entrée au Conservatoire de Lille, à l’issue de laquelle l’un des membres du jury, qui se trouvait être René Cottinet, directeur artistique de Radio Lille, m’a embauchée comme chanteuse de jazz dans l’orchestre de la station. J’ai enchaîné alors avec une tournée, et mes premiers fans furent les GI américains…

Au printemps, vous avez été victime d’une fracture de la cheville. Allez-vous ralentir vos activités ?

Pas du tout ! Je ferai début décembre une participation dans le film de Josiane Balasko Je retourne chez ma mère. Puis je tournerai la suite de Meurtres à Brides-les-Bains pour France 3, et Le Squat, une comédie pour France 2, avec Laëtitia Milot. Je prépare aussi le prochain Sidaction. Je tiens à remercier les lecteurs de Télé 7 Jours pour leurs vœux de rétablissement. 

Huguette, est diffusé vendredi 7 décembre à 20h55 sur Arte

Interview H. Chouchaoui

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